- arpion
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• harpions 1827; arpions « mains » 1821; provenç. arpioun « griffe »♦ Pop. Pied. Avoir mal aux arpions.⇒ARPION, subst. masc.Arg., le plus souvent au plur. Pied :• 1. Peu importe que je marche sur du verre brisé, j'ai le dessous des arpions doublé en cuir de brouette (1) ...(1) Le dessous des pieds doublé en bois.SUE, Les Mystères de Paris, t. 1, 1842-43, p. 320.SYNT. Casser, chatouiller, écraser, marcher sur les arpions; souffrir des arpions.— P. méton. Orteil :• 2. ... si Vidocq avec le talon de sa botte vous écrasait le gros arpion...F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 3, 1828-29, pp. 375-376.• 3. J'aurai sur le drap mes deux mains qui n'ficheront rien, comme des choses de luxe — comme des joujoux, quoi! — et, d'ssous l'drap, les pattes chauffées à blanc du haut en bas et les arpions élargis en bouquets de violettes...H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 64.Rem. Au XIXe s., arpion désignait encore la main ou p. méton. le doigt de la main (cf. étymol.), ou même le bras (cf. Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilés, 1847, p. 125).PRONONC. :[
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ÉTYMOL. ET HIST. — [1628 « main » date donnée sans attest. ds SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 217]; 1. 1821 « mains » (ANSIAUME, L'Argot en usage au bagne de Brest ds Fr. mod., t. 11, p. 281 : Arpions « les mains ». Ils lui ont ligotté les arpions et rifaudé les paturons); d'où 1833 « doigts » (MOREAU-CHRISTOPHE, Art. « Argot » du dict. de la conversation, p. 60 : Doigts... Arpions); 2. 1827 (GRANDVAL, Le Vice puni ou Cartouche ds SAIN. op. cit., t. 1, p. 333 : harpions pieds); 1828-29 « orteil », supra ex. 3.Empr. au prov. mod. arpi(h)oun « petite griffe », MISTRAL; cf. Isère, arpyu, arpiyn « ergot du coq », DUR.; le prov. mod. est soit dér. de l'a. prov. arpa « griffe », Eluc. de las propr., f° 143 ds RAYN. de bec et d'Arpas, de même orig. que harpon; soit issu d'un lat. vulg. harpigo, lat. class. harpago -onis « harpon », CÉSAR, Gall., 7, 81, 1 ds TLL s.v., 2538, 75.STAT. — Fréq. abs. littér. :11.BBG. — ESN. 1966. — ESN. Poilu 1919. — FRANCE 1907. — LARCH. 1880. — LA RUE 1954. — LE BRETON 1960. — MICHEL 1856. — MIQ. 1967. — SANDRY-CARR. 1963.arpion [aʀpjɔ̃] n. m.ÉTYM. 1827, harpions; 1821, arpions « mains », dans l'argot de bagne. Cf. « le porte-monnaie des gens tomberait sous mes arpions… » (Louise Michel, la Misère, t. III, p. 568) 1828, « orteil »; provençal mod. arpioun « griffe », de même origine que harpon.❖♦ Pop. Pied. — REM. Le plus souvent au plur. || Casser les arpions : ennuyer, gêner.1 Il finit par s'esbigner lâchement avant que je me décide à lui marcher un peu sur les arpions pour lui faire les pieds.R. Queneau, Exercices de style, « Autre subjectivité », p. 25-26.2 Pas étonnant qu'elle clopine, avec des arpions pareils : il y a des années de crasse et de terre entre chaque orteil; ceux-ci sont comprimés et meurtris par les botillons trop justes (…)A. Sarrazin, la Cavale, p. 244.
Encyclopédie Universelle. 2012.